« Penser le cinéma / penser avec le cinéma »
ce cycle a été diffusé durant deux années au sein de l’Université Lyon 2 (2014/2016) et Université Lyon 3 (2016-2017)
Sonder l’expérience du spectateur : comment se fabrique le regard filmique ?
Quelle réception produit la forme non-verbale du film ?
Ce cycle explore la spécificité de l’expérience spectatorielle au cinéma. Il étudie ainsi les principes fondateurs du film : montage, figures archétypiques, question de l’enregistrement, relation au rêve et à la mémoire, construction du regard.
La méthodologie examine comment le cinéma se pense à travers lui-même : les œuvres étudiées sont choisies pour leur potentiel auto-réflexif. Des films qui sèment des indices au-delà du récit – par des formes détournées ou polysémiques, des figures métaphoriques ou des images habilement évocatrices. Ces contenus autoréférentiels sont le support d’une réflexion sur l’art cinématographique : ils obligent ainsi à explorer ses procédés, son origine ou son devenir.
*
Thèmes
Qu’est-ce que le plan ? Le montage ? Cette pratique inédite que le cinéma a inventée, questionne ce qui fonde la modernité : plus qu’un assemblage, c’est une relation. Histoire et étude de cette notion depuis les premiers films Lumière, aux avant-gardes russes et européennes, à Hitchcock, Tarkovski et Alfonso Cuaron.
Représentations des origines, figures cinégéniques : le cinéma se cherche dans son histoire
La conférence étudie comment les figures du train et du cheval (à travers des œuvres des frères Lumière, Quentin Tarantino, Tarsem Singh, J.E. Marey, Jean Mitry…) sont devenues des archétypes cinématographiques.
Polar, criminalistique, mémoire : image indice/index
Comment le cinéma de genre polar (thriller, film noir, etc…) met en scène l’image comme trace (résidu de réalité ou mémoire) pour accéder à une vérité, qui se révèle souvent précaire et problématique. Les films étudiés, Minority report (Steven Spielberg), Twisted (Philip Kaufman), Femme fatale (Brian de Palma), Memento (Christopher Nolan) interrogent également le potentiel de l’image-indice et de l’image-mémoire dans leurs usages actuels, notamment numériques.
L’œil augmenté : la question du regard à travers le cinéma de SF
2001 l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick), Andromeda strain (Robert Wise), Blade runner (Ridley Scott)
Dans la continuité de la pensée mécaniste du XIXème siècle le cinéma fut aussitôt envisagé comme une prothèse de vision – remède à la faillibilité et la subjectivité de la vue, espoir de révéler le réel par cet « œil mécanique » (Vertov). Plus qu’une nouvelle perception, l’écriture cinématographique invente au fond un nouveau regard.
Le film qui troue la réalité : réalité en question / cinéma en perspective
La jetée (Chris Marker), Avalon (Mamoru Oshii), ExistenZ (David Cronenberg)
En prétendant enregistrer la réalité, le cinéma questionne d’emblée ce qui la fonde. De la caméra décomposant l’espace en intervalles au montage qui reconstruit du temps, du projecteur créant l’illusion de mouvement à la salle obscure qui ressemble à la caverne de Platon, le cinéma semble sonder la trame du monde. Désormais l’hybridation réel/virtuel, l’image numérique et de synthèse, reposent la question du simulacre, et de la relation qu’entretient le cinéma avec la réalité.
L’expérience du film : rêve, hypnose, labyrinthe & apesanteur
Le mystère des roches de Kador (Léonce Perret), Dr Mabuse (Fritz Lang) Inception (Christopher Nolan), 2001 l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick)
L’image cinéma ressemble à celle du rêve ; et le magnétisme, la fascination qu’exerce le film ont souvent été comparés à l’état hypnotique. En interrogeant l’apparente similitude entre fonctionnement psychique et dispositif cinéma, cette conférence explore l’expérience du spectateur face au film.
Quand le cinéma pense la vidéo
Videodrome (David Cronenberg), La guerre des mondes (Byron Haskin), Double take (Johan Grimonprez), Robocop (P.Verhoeven), Ringu (Hideo Nakata)
Au milieu du XXème siècle la vidéo, avec la télévision, envahit les foyers et très vite tout le champ social et culturel. L’image-mouvement du cinéma (photochimique, ritualisée, géante) a désormais une autre nature, électronique, petite et intime, qui réforme les conventions de regard et d’écriture, transforme l’expérience du spectateur. Hésitant entre fascination et répulsion, le cinéma n’aura de cesse d’examiner ce nouveau medium, pressentant qu’il bouleversera bientôt son existence.
*
Chaque conférence se fonde sur l’analyse croisée de plusieurs films, à travers les visionnages commentés de différentes séquences. Aucune catégorie ou type ne sont exclus (fiction, documentaire, expérimental).